jeudi 30 mars 2017

Mesurer les effets de la lecture des bandes dessinées

En tant qu'auteur de The Science of Cookies, je m'intéresse aux éventuels effets sur les gens de lire et de regarder des bandes dessinées (BD).

Mais comment les mesurer (s'ils existent) correctement et dans quelles conditions?

Rappelons au passage la définition des bandes dessinées selon Wikipédia : "La bande dessinée est une forme d'expression artistique, souvent désignée comme le « neuvième art », utilisant une juxtaposition de dessins (ou d'autres types d'images fixes, mais pas uniquement photographiques), articulés en séquences narratives et le plus souvent accompagnés de textes (narrations, dialogues, onomatopées)." [1]

Il est donc question d'un mode d'expression et de présentation de l'information par des dessins en séquences et souvent du texte. On pourrait alors plutôt parler des effets de la présentation d'informations sous forme de bande dessinée.

Si mon attention se porte sur les effets sur les connaissances, je pourrais partir de l'idée de :

1) évaluer les connaissances actuelles sur un thème avec des questions
2) offrir une BD informative à lire sur ce thème
3) évaluer les connaissances sur les mêmes questions après lecture

Mais il reste possible que les lecteurs ont grâce au temps destiné à la lecture pu réfléchir à nouveau à leurs premières réponses et qu'ils auraient répondu différemment au second questionnaire de toute manière. Pour contrôler cela, il me faudra un deuxième groupe faisant office de comparaison.

Mais si mon deuxième groupe est trop différent du premier (ex: beaucoup plus âgés, beaucoup plus instruits, etc.), la comparaison pourrait être incorrecte. Il me faut donc qu'ils soient suffisamment semblables, à la fois sur les facteurs connus (par exemple les connaissances préalable sur le thème) et inconnus (ceux auxquels je ne m'attends pas et que personne ne connait) pouvant influencer les résultats sur le questionnaire. L'objectif étant au final que les groupes soient le plus semblables que possible et que la seule et unique différence soit la lecture de la BD. Un moyen d'arriver à cela c'est d'avoir un nombre raisonnablement élevé de participants (100+, cela dépend) et de les répartir aléatoirement dans deux groupes de même taille. En bref, ce qu'on appelle une expérience avec randomisation (une étude randomisée contrôlée).

Donc ...

1) Recruter 100+ participants (variable)
2) Répartir aléatoirement ces participants dans deux groupes égaux
3) ?

Les participants sont désormais semblables dans les deux groupes, mais quelle serait la bonne comparaison ? Faudrait-il qu'un groupe lise la BD (groupe BD) et que l'autre pas (groupe contrôle) ? Mais cela signifierait qu'il existe à nouveau des différences en dehors de la lecture de la BD, le groupe ne l'ayant pas reçue ayant du attendre, ce qui peut l'avoir ennuyé ou lui avoir permis de plus penser à ses précédentes réponses que le groupe ayant lu la BD, ces éléments pourraient influencer à nouveau les résultats.

On pourrait offrir au groupe de contrôle le même contenu que celui inclus dans la BD, mais uniquement sous forme de texte. Cette comparaison a l'avantage d'être assez semblable à ce qui pourrait arriver dans la réalité; trouver le même contenu sous forme écrite.

Mais si la durée de lecture n'est pas la même? Si les lecteurs ayant le texte passent beaucoup moins de temps comparé avec la BD, est-ce que cela ne pourrait pas aussi influencer les résultats? On pourrait imaginer que ça n'est pas le fait d'avoir lu la BD qui mène à des différences, mais le fait d'avoir passé plus ou moins de temps à lire. Il faudrait donc que les temps de lecture soient similaires pour qu'ils soient comparables. Ou bien que le même temps soit offert (pareil pour le questionnaire).

Et si le texte est plus compliqué que celui de la BD? Est-ce que cette difficulté ne pourrait pas démotiver le lecteur du texte et influencer les résultats? Ce ne serait pas la présentation sous forme de BD, mais la complexité du texte qui mène aux différences. Il faudrait donc que le texte soit le plus semblable que possible au niveau de sa complexité.

Et si la police d'écriture n'est pas la même? Est-ce que celle-ci influence la facilité à lire? Il faudrait alors que la police d'écriture et la taille du texte soient assez similaires pour que les groupes soient comparables.

Et si les participants ne réalisent pas la lecture et le test à la même heure? Ou le même jour? Comment s'assurer qu'ils ont lu? Est-ce que vérifier qu'ils aient lu modifie leurs résultats? Faut-il les laisser prendre des notes? Faut-il qu'il y ait le même nombre de mots? Est-ce que le format du texte, le nombre de lignes et sa présentation a un impact? Et si l'endroit où les participants le lisent change? Risque-t-on de traiter différemment les participants si l'on sait qu'ils reçoivent le texte ou la BD? Est-ce que le type de papier a un impact? La qualité de l'impression? Et si l'ordre de présentation du texte et de la BD sont différents? Si la couleur du texte est différente? Et si les lecteurs peuvent ou ne peuvent pas garder le texte ou la BD ensuite?

Où faut-il s'arrêter ?

comics, comparative research, randomized controlled trials, memory

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