Quelques notes durant mon parcours de recherche sur les
bandes dessinées.
Je ne sais pas si c’est approprié, mais cela permettra d’expliciter
certaines de mes croyances actuelles et de voir comment celles-ci évoluent, se
renforcent ou disparaissent au fil du temps.
Soyons banal, mais prescients avant l’heure et avant de
pouvoir soutenir les propos ...
Je pense que les personnes souhaitant lire des bandes
dessinées sont une minorité. Je pense que celles qui s’intéressent aux bandes
dessinées sur la santé, ou encore la recherche scientifique sont encore plus
rares. Je pense que certaines personnes ne lisant pas de bandes dessinées sont
ouvertes à changer d’avis, mais que leur nombre reste plutôt limité. Je pense
que les personnes bénéficiant le plus des bandes dessinées seront celles qui s’y
intéressent déjà (tiens donc !), ou qui s’intéressent déjà au sujet
illustré. Je ne sais pas si les bandes dessinées sont appropriées pour des
personnes ayant une moindre compréhension de l’écrit. Je pense que pour chaque
personne à qui des bandes dessinées « parlent », d’autres en seront « repoussées ».
Je ne pense pas qu’une bande dessinée seule, sans discussion,
sans guidance et sans formation en accompagnement soit un outil efficace d’apprentissage
et d’enseignement. Je pense que les auteurs auront à réfléchir à comment
maintenir à jour une bande dessinée déjà imprimée et largement répandue,
notamment lorsqu’elle contient des erreurs graves (ex : recommandations
médicales incorrectes ou dangereuses). Je pense que pour des personnes
motivées, que l’information soit présentée sous forme de bande dessinée ou
différemment, celles-ci auraient réussi à en obtenir et à comprendre ce qu’elles
souhaitent, la bande dessinée est ainsi au mieux une alternative.
Je ne pense pas qu’une bande dessinée tout public sur le
thème de la recherche scientifique soit réaliste, j’imagine plutôt des
spécialisations dans le futur (ex : BD sur le cancer pour les enfants
européens de 7-11 ans, parlant français, s’intéressant aux métiers médicaux, d’origine
urbaine et ayant suivi l’école obligatoire). Je pense que les effets des bandes
dessinées varieront largement selon leurs auteurs, illustrateurs, styles de
dessin, longueur, etc. Je pense que cette diversité mènera à de grandes
difficultés pour déterminer quels éléments rendent une bande dessinée plus ou
moins efficace selon son objectif et sa population cible et que cela devrait m’empêcher
de généraliser car chaque bande dessinée est potentiellement différente (mais
je n’aime pas cette idée car elle laisse à penser qu’on pourrait infiniment
perdre son temps à chercher ce qui « fonctionne » alors que ça ne
fonctionnerait pas). Je pense que presque aucune bande dessinée ne sera
universelle car les cultures, interprétations, contextes, connaissances et
langues sont trop différentes. Je pense que ces interprétations mèneront à des
problèmes lorsque la compréhension est différente (ex : croire qu’un
traitement est efficace alors que la BD suggérait que non), mais également à
des bénéfices (ex : perceptions différentes de situations bloquées,
créativité, idées nouvelles).
Je pense que les recherches sur les bandes dessinées feront
de plus en plus face à des contaminations internes (ex : partage des
bandes dessinées via photo, dessins, discussions, email, etc.) et externes (ex :
lecture d’autres bandes dessinées durant les études) rendant difficile d’établir
leurs effets spécifiques. Je pense que la combinaison d’une bande dessinée est
parfois une meilleure idée qu’une bande dessinée seule. Je pense que des bandes
dessinées peuvent offrir un soutien, une aide à la décision, des perspectives
différentes mais aussi générer des idées suicidaires ou mener à un état
dépressif. Au vu des difficultés à changer un comportement et des habitudes de
manière générale, je doute que les bandes dessinées puissent mener leurs
lecteurs à modifier largement leurs comportements (ex : rendre plus
sportif), au-delà de quelques rares exceptions.
Les bandes dessinées ne sont pas magiques et ne résoudront
pas tous les problèmes.
Je pense pouvoir avoir tout à fait tort et me tromper
parfois totalement, ce qui est sans doute le cas.