mercredi 19 avril 2017

Réflexions à mi-parcours sur les bandes dessinées



Quelques notes durant mon parcours de recherche sur les bandes dessinées.

Je ne sais pas si c’est approprié, mais cela permettra d’expliciter certaines de mes croyances actuelles et de voir comment celles-ci évoluent, se renforcent ou disparaissent au fil du temps. 

Soyons banal, mais prescients avant l’heure et avant de pouvoir soutenir les propos ...

Je pense que les personnes souhaitant lire des bandes dessinées sont une minorité. Je pense que celles qui s’intéressent aux bandes dessinées sur la santé, ou encore la recherche scientifique sont encore plus rares. Je pense que certaines personnes ne lisant pas de bandes dessinées sont ouvertes à changer d’avis, mais que leur nombre reste plutôt limité. Je pense que les personnes bénéficiant le plus des bandes dessinées seront celles qui s’y intéressent déjà (tiens donc !), ou qui s’intéressent déjà au sujet illustré. Je ne sais pas si les bandes dessinées sont appropriées pour des personnes ayant une moindre compréhension de l’écrit. Je pense que pour chaque personne à qui des bandes dessinées « parlent », d’autres en seront « repoussées ». 

Je ne pense pas qu’une bande dessinée seule, sans discussion, sans guidance et sans formation en accompagnement soit un outil efficace d’apprentissage et d’enseignement. Je pense que les auteurs auront à réfléchir à comment maintenir à jour une bande dessinée déjà imprimée et largement répandue, notamment lorsqu’elle contient des erreurs graves (ex : recommandations médicales incorrectes ou dangereuses). Je pense que pour des personnes motivées, que l’information soit présentée sous forme de bande dessinée ou différemment, celles-ci auraient réussi à en obtenir et à comprendre ce qu’elles souhaitent, la bande dessinée est ainsi au mieux une alternative.

Je ne pense pas qu’une bande dessinée tout public sur le thème de la recherche scientifique soit réaliste, j’imagine plutôt des spécialisations dans le futur (ex : BD sur le cancer pour les enfants européens de 7-11 ans, parlant français, s’intéressant aux métiers médicaux, d’origine urbaine et ayant suivi l’école obligatoire). Je pense que les effets des bandes dessinées varieront largement selon leurs auteurs, illustrateurs, styles de dessin, longueur, etc. Je pense que cette diversité mènera à de grandes difficultés pour déterminer quels éléments rendent une bande dessinée plus ou moins efficace selon son objectif et sa population cible et que cela devrait m’empêcher de généraliser car chaque bande dessinée est potentiellement différente (mais je n’aime pas cette idée car elle laisse à penser qu’on pourrait infiniment perdre son temps à chercher ce qui « fonctionne » alors que ça ne fonctionnerait pas). Je pense que presque aucune bande dessinée ne sera universelle car les cultures, interprétations, contextes, connaissances et langues sont trop différentes. Je pense que ces interprétations mèneront à des problèmes lorsque la compréhension est différente (ex : croire qu’un traitement est efficace alors que la BD suggérait que non), mais également à des bénéfices (ex : perceptions différentes de situations bloquées, créativité, idées nouvelles).

Je pense que les recherches sur les bandes dessinées feront de plus en plus face à des contaminations internes (ex : partage des bandes dessinées via photo, dessins, discussions, email, etc.) et externes (ex : lecture d’autres bandes dessinées durant les études) rendant difficile d’établir leurs effets spécifiques. Je pense que la combinaison d’une bande dessinée est parfois une meilleure idée qu’une bande dessinée seule. Je pense que des bandes dessinées peuvent offrir un soutien, une aide à la décision, des perspectives différentes mais aussi générer des idées suicidaires ou mener à un état dépressif. Au vu des difficultés à changer un comportement et des habitudes de manière générale, je doute que les bandes dessinées puissent mener leurs lecteurs à modifier largement leurs comportements (ex : rendre plus sportif), au-delà de quelques rares exceptions. 

Les bandes dessinées ne sont pas magiques et ne résoudront pas tous les problèmes.

Je pense pouvoir avoir tout à fait tort et me tromper parfois totalement, ce qui est sans doute le cas.

mardi 18 avril 2017

Une revue rapide des effets relatifs à la santé de la lecture de bandes dessinées chez les enfants, les adolescents et les adultes [preprint]

Première version terminée par rapport aux effets des bandes dessinées. Une version avant publication (preprint) étant sujette à modifications, les dernières versions sont à chercher directement avec l'article, là où j'ai déposé tous les fichiers, soit https://osf.io/n8mkg.



Une revue rapide des effets relatifs à la santé de la lecture de bandes dessinées chez les enfants, les adolescents et les adultes [preprint]

A rapid review of the health-related effects of reading comic books on children, adolescents and adults [preprint]

M. Vuillème

 Auteur indépendant, Neuchâtel, Suisse
18 avril 2017
Résumé

Introduction : Un large nombre de bandes dessinées sont actuellement disponibles au travers du monde et de plus en plus facilement et rapidement accessibles au travers d’internet. Parmi celles-ci, plus de 582 bandes dessinées spécifiquement sur le thème de la santé et francophones peuvent être identifiées. Au vu de la popularité des bandes dessinées et de leur lecture répandue, il est pertinent d’en évaluer les bénéfices et risques éventuels, de manière à guider les futurs illustrateurs les réalisant, les chercheurs s’intéressant au sujet et pour informer les lecteurs, patients et le public de leurs effets possibles, positifs ou néfastes. Lors de recherches initiales une seule revue systématique encore non publiée a été découverte, une revue rapide de littérature a ainsi été réalisée.

Objectifs : Evaluer les éventuels effets relatifs à la santé de la lecture de bandes dessinées chez les enfants, adolescents et adultes.

Méthode de recherche : Une recherche sur le site web Cochrane, les bases de données Pubmed, Prospero, Lissa/CISMeF ainsi qu’au travers du moteur Trip a été réalisée le 13 mars 2017 au moyen des mots-clés « comics », « comics + health » et « bande dessinée + santé ». Des recherches supplémentaires ont été réalisées sur Google et Google Scholar et les références des livres identifiés ont été parcourues en ligne sur Google Livres pour en extraire les références pertinentes. Les références bibliographiques des études incluses n’ont pas été extraites. Les documents publiés en français, italien ou en anglais et provenant de n’importe quel pays ont été inclus. Aucune restriction quant à la date de réalisation ou de publication des études et éléments inclus n’a été appliquée. L’outil Cochrane d’évaluation de risque de biais a été utilisé pour évaluer la qualité des essais contrôlés randomisés inclus.

Critères d’inclusion : Les sites web, bande dessinées et études ont été considérés pour inclusion. Les éléments pouvaient porter sur toute population humaine, dans tout pays et de tout âge. Les études expérimentales et observationnelles devaient évaluer les éventuels effets de la lecture d’une ou de plusieurs bandes dessinées sur des variables relatives à la santé d’êtres humains (telles que : comportement de santé, connaissances en santé, attitude face aux soins, humeur, etc.), de tout âge et de toute origine. Dans les études observationnelles et expérimentales, la comparaison devait permettre d’extraire les effets spécifiques de la lecture d’une bande dessinée. Les documents publiés en français, italien ou en anglais et provenant de n’importe quel pays ont été inclus. Tout type de résultat relatif à la santé des êtres humains (ex : humeur, connaissances en santé, attitude envers les soins, etc.), tels que définis par les auteurs étaient inclus. Tout type d’étude, sans restriction de date de publication était considéré pour inclusion et un focus particulier a été offert aux essais contrôlés randomisés.

Résultats principaux : Neuf sites web, 20 bandes dessinées et 17 études ont été inclus et leurs contenus résumés. 

Les sites web et bandes dessinées identifiées ont présenté une large gamme de thèmes en santé déjà développés, et ce souvent pour des enfants et dans une seule langue. L’utilisation des bandes dessinées pour offrir des perspectives différentes, développer l’empathie et la réflexion sur soi chez le personnel médical a été suggérée. Les chercheurs sur ce domaine font face à des difficultés pour trouver des artistes et un financement et craignent d’être mal perçu dans le domaine académique.

Les articles de revue ont indiqué que les bandes dessinées sont généralement perçues comme peu sérieuses et destinées aux enfants et qu’elles ont déjà été utilisées dans la prévention, la promotion, la sensibilisation et le dépistage en santé. Il est rapporté que les recherches sur le sujet sont encore limitées, insuffisamment rapportées et rares et se focalisent surtout sur les connaissances et les effets à court-terme et mesurent peu si les bandes dessinées ont été lues. Les bandes dessinées peuvent être modifiées de multiples manières pour s’accommoder aux lecteurs (thème, personnages, perspectives, dessins, etc.) et représentent ainsi un outil particulièrement polyvalent. De nombreux bénéfices potentiels (meilleure mémorisation, compréhension, empathie, dissémination des savoirs, etc.) et effets indésirables possibles (stigmatisation, infantilisation, sur-simplifications, incompréhensions, etc.) ont été décrits dans la littérature.

Parmi les études, six essais contrôlés randomisés impliquant un total de 2041 participants ont été évalués et décrits. La qualité des essais inclus était souvent difficile à établir car les informations dans les articles sur leurs méthodes étaient limitées. Les essais les plus longs avaient duré 6 mois. La plupart des essais présentaient de possibles biais ayant pu favoriser des résultats positifs. Un essai a présenté un léger bénéfice sur les connaissances quant au VIH (27/33 réponses justes vs 25/33 sans la BD), un essai a rapporté une augmentation de l’envie de lire (RC = 7,69, IC 95% de 4,76 à 12,5 chez les jeunes ayant la « plus faible identité scientifique »), un essai a montré une réduction de l’anxiété préopératoire chez les enfants (30,5/60 vs 35/60 sans la BD) ainsi que du nombre d’enfants ayant un niveau d’anxiété inférieur à 34/60 et un essai a montré une augmentation du nombre de jeunes choisissant des aliments « sains » (RC 3,63, IC 95% de 1,09 à 12,1) et de leur sentiment d’efficacité. Deux essais ont également montré une absence de différences quant aux connaissances, et d’autres essais ont montré une absence de différences quant à l’attitude face au VIH, l’intention d’utiliser des préservatifs, le nombre de rapports sexuels rapportés, l’importance perçue des virus, l’intérêt envers les virus et la réalisation d’un dépistage du cancer.

Limitations : Une plus large gamme de mots-clés et des recherches dans des bases de données supplémentaires telles que CENTRAL et ClinicalTrials.gov auraient pu mener à découvrir plus d’études pertinentes. Un seul auteur sans formation explicite aux revues rapides a réalisé cette revue et sans protocole préalable, ce qui implique une large marge de manoeuvre, une part de subjectivité dans les sélections et des risques de biais et d’erreurs. Enfin, les études auxquelles l’auteur n’a pas obtenu accès ont été exclues. Ces facteurs diminuent la confiance dans les résultats et les conclusions rapportées.

Implications : Il est important que les auteurs de bandes dessinées en santé prennent en compte les futurs lecteurs dans la conception des bandes dessinées, pour que celles-ci soient culturellement adaptées, évitent les stigmatisations et soient bien reçues. Les futures recherches méritent d’être mieux rapportées, notamment quant à leurs méthodes, leurs bandes dessinées et les coûts en suivant par exemple les normes CONSORT, en publiant un protocole préalable et en partageant leurs données. Des recherches plus rigoureuses et exhaustives seraient utiles pour vérifier les conclusions de cette revue.

Conclusions : Bien qu’une gamme de bénéfices potentiels et de risques éventuels aient été rapportés dans la littérature, les essais contrôlés randomisés inclus étaient hétérogènes, présentaient des résultats limités et mixtes et des risques de biais étaient possibles. Les effets des bandes dessinées, tout particulièrement au long-terme restent incertains au vu des preuves identifiées. 

Financement : L’auteur déclare ne pas avoir reçu de source de financement.

Données supplémentaires et prépublication : https://osf.io/n8mkg

Mots clés : bande dessinée, santé, revue rapide, comics, health, cartoons

mercredi 5 avril 2017

Recherche de littérature sur les bandes dessinées et la santé : Résumé des études diverses



Et les études d’autres types...

10 études étaient pertinentes [1-10].

... Est-ce encore une BD si des jeux sont inclus dedans, s'il faut colorier des pages ?


N
Année
Auteur principal
Titre
Contenu résumé
1
1990
Gillies
A.Gillies, P., Stork, A., & Bretman, M. (1990). Streetwize UK: a controlled trial of an AIDS education comic. Health Education Research, 5(1), 27–33. http://doi.org/10.1093/her/5.1.27
Absence d’accès à l’article.
2
2013
Branscum
Branscum, P., Sharma, M., Wang, L. L., Wilson, B., & Rojas-Guyler, L. (2013). A Process Evaluation of a Social Cognitive Theory–Based Childhood Obesity Prevention Intervention. Health Promotion Practice, 14(2), 189–198. http://doi.org/10.1177/1524839912437790
Les objectifs de l’article étaient d’évaluer les effets d’un programme de promotion de la santé, « Comics for Health ».

Lorsque des interventions de promotion de la santé sont offertes de différentes manières par différents individus à différents endroits pour différentes populations, la variabilité de l’application des programmes augmente le risque d’observer des résultats négatifs du fait d’une mauvaise application du programme. Evaluer le processus permet de distinguer si une intervention est inefficace ou mal appliquée et quels éléments sont concernés.

Les détails de l’intervention sont disponibles dans un autre article ; en bref le programme consistait en des leçons portant sur les connaissances et la sensibilisation à une alimentation à base de fruits et légumes et quant à l’activité physique. Les deux interventions incluaient la création et la lecture de BD, ce qui mène à l’exclusion de cet article. L’effet de la BD seule n’est pas identifiable.
3
2015
Brüggemann
Brüggemann, A. J., Swahnberg, K., & Wijma, B. (2015). A first online intervention to increase patients’ perceived ability to act in situations of abuse in health care: reports of a Swedish pre-post study. BMC Medical Ethics, 16, 35. http://doi.org/10.1186/s12910-015-0027-7
Les objectifs de l’article étaient d’améliorer les intentions et le sentiment de capacité des patients à réagir face à de futures situations d’abus par des soignants.

Les participants ont tous lu en ligne des histoires sous forme de texte et sous forme de bandes dessinées, ce qui mène à l’exclusion de cet article. L’effet de la BD seule n’est pas identifiable.
4
2015
Cedri
Cedri, S., Briguglio, E., Cedri, C., Masellis, A., Crenca, A., Pitidis, A., & PRIUS Working Group, T. P. W. (2015). Development of an effective communication strategy for the prevention of burns in children: the PRIUS project. Annals of Burns and Fire Disasters, 28(2), 88–93. Retrieved from http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/27252606
L’objectif de l’étude était de développer un outil de prévention des brûlures à domicile pour les enfants, offert à l’école.

Les participants ont tous reçu des posters affichés en classe, des brochures ont été distribuées pour les parents et les enseignants, des CD-ROM offerts aux enseignants et des BD pour les enfants. Une formation a été offerte aux enseignants et aux directeurs ainsi qu’aux étudiants, associées à des évaluations des acquis. Bien que l’article décrive les détails de la préparation de la bande dessinée et les raisons de son contenu, il n’est pas possible d’identifier les effets de la BD seule, d’où l’exclusion de l’article.
5
2015
Grootens-Wiegers
Grootens-Wiegers, P., de Vries, M. C., van Beusekom, M. M., van Dijck, L., & van den Broek, J. M. (2015). Comic strips help children understand medical research: Targeting the informed consent procedure to children’s needs. Patient Education and Counseling, 98(4), 518–524. http://doi.org/10.1016/j.pec.2014.12.005
Auteurs contactés sur ResearchGate pour obtenir accès à l’article.
6
2007
Moraveji
Moraveji, N., Li, J., Ding, J., O’Kelley, P., & Woolf, S. (2007). Comicboarding: using comics as proxies for participatory design with children. Proceedings of the SIGCHI …, 1371–1374. http://doi.org/10.1145/1240624.1240832
L’article porte sur la création de bandes dessinées pour favoriser la participation des enfants, non pas sur sa lecture, d’où l’exclusion de l’article.
7
1958
Rose
Rose, A. M. (1958). Mental Health Attitudes of Youth as Influenced by a Comic Strip. Journalism & Mass Communication Quarterly, 35(3), 333–342. http://doi.org/10.1177/107769905803500307
Absence d’accès à l’article.
8
2016
Shinmei
Shinmei, I., Kobayashi, K., Oe, Y., Takagishi, Y., Kanie, A., Ito, M., … Dobbin, R. D. (2016). Cognitive behavioral therapy for depression in Japanese Parkinson’s disease patients: a pilot study. Neuropsychiatric Disease and Treatment, 12, 1319. http://doi.org/10.2147/NDT.S104777
Les auteurs souhaitaient évaluer les effets d’une thérapie comportementale sur la dépression. Les participants recevaient un livre d’exercice illustré par des dessins de style manga ainsi que des devoirs à réaliser et suivaient une thérapie avec un psychologue. Il n’est ainsi pas possible d’identifier l’effet spécifique des BD, d’où l’exclusion de l’article.
9
2016
Tekle-Haimanot
Tekle-Haimanot, R., Pierre-Marie, P., Daniel, G., Worku, D. K., Belay, H. D., & Gebrewold, M. A. (2016). Impact of an educational comic book on epilepsy-related knowledge, awareness, and attitudes among school children in Ethiopia. Epilepsy & Behavior, 61, 218–223. http://doi.org/10.1016/j.yebeh.2016.05.002
L’objectif des auteurs était d’évaluer l’impact d’une bande dessinée éducative portant sur l’épilepsie sur les connaissances et les attitudes de jeunes enfants en Ethiopie, ainsi que les points de vue d’enseignants. En juin 2014.

Population : Un échantillon de commodité, soit 116 étudiants dans une école urbaine et 110 étudiants dans une école rurale ont été aléatoirement sélectionnés. Les étudiants avaient de 16-20+ ans. 30% des jeunes urbains étaient des hommes et 65% des jeunes ruraux également.  Les étudiants non consentants ou ayant déjà des connaissances sur l’épilepsie ont été exclus.  Les écoles avaient environ 450 et 500 étudiants au total. Un deuxième questionnaire a été offert à 40 professionnels de la santé (infirmiers, médecins, neurologues, etc.) associés à des interviews.

Intervention :  Le but de l’étude a été expliqué aux étudiants puis ils ont été invités à remplir un questionnaire, lire la BD et remplir à nouveau le questionnaire sans la BD. Un essai pilote sur 10 étudiants avait déjà été réalisé et certaines questions reformulées pour être plus simples à comprendre

Recueil de données : Un questionnaire structuré dans la langue locale a été offert, il portait sur des questions démographiques et sur les connaissances sur l’épilepsie. Celui-ci contenait 13 questions et avait déjà été utilisé dans plusieurs autres pays.

Comparaison : En comparaison avec les résultats initiaux au questionnaire.

Résultats : Les comparaisons quant au questionnaire ont été réalisées avec des tests X2 apparié de McNemar. Les auteurs n’ont pas réalisé de corrections pour les multiples comparaisons. (Les auteurs ne semblent présenter que 11 des 13 questions ??? Les questions semblent modifiées comparées à celles utilisées par les auteurs du précédent questionnaire ?)

Les résultats étaient variables. Avant la lecture de la BD, 56,5% des jeunes urbains répondaient que l’épilepsie était causée par un mauvais esprit, et ce pourcentage est descendu à 4,6% après lecture, en faveur d’une maladie mentale (p>0,001). Mais chez cette même population, la lecture a mené à une augmentation absolue de 3,8% des participants disant ne pas savoir (p>0,001). Ces jeunes ont tout autant indiqué une cause infectieuse avant et après lecture (2,6% avant et après, p=1). Chez les jeunes ruraux, la BD a également augmenté le nombre de personnes disant que l’épilepsie est une maladie mentale et le pourcentage de personnes ne sachant pas est passé de 12,4% à 0% (p>0,001). [...]

Après lecture de la BD, plus de jeunes disaient l’épilepsie non-contagieuse (44% urbains et 36,4% ruraux avant lecture, 87,1% urbains et 70,9% ruraux après, p>0,001). Alors qu’avant la lecture 57% des jeunes ruraux et 50% de ceux urbains disaient ne pas avoir connaissance d’un traitement de l’épilepsie, après lecture ces taux ont baissé à 4,3% et 0%. Plus de jeunes ayant lu la BD disaient être d’accords que leur frère/soeur se marie avec une personne ayant de l’épilepsie (51,7% et 39,1% de oui avant, 81,9% et 85,5% de oui après, p>0,001). [...]

36 (90%) des professionnels de la santé ont suggéré de le distribuer dans les écoles, 34 l’ont trouvé simple à lire et comprendre, 36 l’ont trouvé informatif. (les pourcentages ne collent pas aux données ???)

 Financement et enregistrement : Les auteurs ne déclarent aucun conflit d’intérêt. L’étude était financée par Sanofi, une compagnie pharmaceutique.
10
2016
Tsao
Tsao, P., & Yu, C. H. (2016). “There’s no billing code for empathy” - Animated comics remind medical students of empathy: a qualitative study. BMC Medical Education, 16(1), 204. http://doi.org/10.1186/s12909-016-0724-z
L’objectif était d’établir comment une BD sur le diabète influence l’apprentissage de l’empathie chez les étudiants en médecine.

Population : Tous les étudiants en médecine de 1ère et 2ème année dans une université canadienne (500 au total) étaient éligibles. Les participants ont été recrutés en mars 2013 par communication orale, emails, etc. Les auteurs souhaitaient 4-5 groupes de discussion avec 5-8 participants chaque pour avoir suffisamment de thèmes.

Intervention : Une évaluation (non publiée) des besoins et difficultés de patients diabétiques avait été réalisée auparavant, celle-ci a permis d’identifier des points clés, challenges, peurs, frustrations, etc. Deux BD animées et publiées sur internet ont été créées à partir de ces observations. La première décrivait un patient prenant pour la première fois de l’insuline ainsi que ses peurs et la seconde un patient cherchant à suivre les recommandations d’hygiène de vie, ce qui résulte en un burnout. Des liens vers la BD ont été envoyés par email aux étudiants qui ont pu individuellement voir celles-ci et avaient une semaine de réflexion à leur disposition. Après la semaine de réflexion, les étudiants ont été invités à discuter en groupe de ces BD durant 30-45 minutes et de leur impact sur leur empathie. Les étudiants avaient accès à la BD durant les discussions.

Recueil de données : Mesures qualitatives. Les auteurs avaient prévu de mesurer comment la BD affecte l’apprentissage de l’empathie mais ont ouvert leur cadre suite au premier groupe de discussion. L’empathie a été évaluée avec l’échelle JSPE, contenant 20 éléments à évaluer sur des échelles à 7 points et les scores peuvent aller de 20 à 140 (un score élevé est associé à une plus grande empathie). La JSPE a été créée spécifiquement pour le contexte des soins aux patients et a selon diverses sources une bonne validité et fiabilité.

Les données démographiques des participants ont été recueillies par email (âge, sexe, etc.) ; les étudiants devaient lire une courte situation et répondre à des questions ouvertes via internet (ex : comment vous sentez-vous si vous étiez le médecin de X ?). Les interviews avaient été testés dans un essai pilote. Un assistant externe à la formation des étudiants a pris des notes durant les discussions, celles-ci étaient enregistrées et ont été retranscrites verbatim. Le JSPE a été offert immédiatement après la lecture des BD et immédiatement après avoir participé aux discussions. Deux auteurs ont indépendamment transcrit, lu et codé les réponses des étudiants dans des thèmes.

Résultats : 5 groupes de discussion ont été réalisés (25 participants) au total. 4 thèmes généraux ont été identifiés. En général les étudiants étaient préoccupés par le déclin en empathie et trouvaient que le médium BD était un outil permettant de rappeler l’importance de l’empathie en rappelant la perspective du patient.

Déclin de l’empathie : La plupart des étudiants ont remarqué un déclin de l’empathie durant leur formation, certains ont dit de manière cynique que c’était attendu et un participant trouvait cela préoccupant et souhaitait intervenir.

Barrières pour maintenir l’empathie : Les étudiants ont décrit plusieurs raisons expliquant le déclin en empathie, le focus sur le rôle d’expert, le manque d’incitatif financier, le manque de conséquences à ne pas être empathique, le manque de bons exemples, le focus sur réussir les examens, le manque de temps, etc.

Stratégies pour prévenir le déclin en empathie : Les étudiants ont identifié des stratégies pour prévenir ce déclin, telles qu’enseigner la communication, offrir un feedback sur les compétences en empathie, inclure le point de vue de patients, valider les préoccupations du patient.

Impact de la BD sur les connaissances, compétences et attitudes : Les étudiants ont presque tous indiqué que la BD les avait menés à mieux connaître la perspective du patient. Certains avaient une vision toute à fait différente de l’insuline avant la lecture. Ils ont indiqué mieux réaliser les différences de points de vue et les challenges des personnes ayant des maladies chroniques.

Les participants ont utilisé leurs compétences d’observations avec les BD et identifié des techniques de communication efficaces et inefficaces utilisées (langage, posture du corps. Ils ont suggéré d’utiliser les BD avant un cours, de les laisser dans les hôpitaux ou les lieux de lecture, de les envoyer par email aux étudiants, de les placer en ligne, de les utiliser dans des discussions en classe, etc. Certains souhaitaient voir les BD avant leurs stages, d’autres à plusieurs reprises, pour rappeler l’importance de l’empathie. Ils ont trouvé les BD originales, mémorables et amusantes. Ils trouvaient que les dessins aidaient à mieux personnifier les personnages, et ainsi à s’imaginer à leur place.

Les scores de JSPE étaient stables et sans différences significatives.

Limitations : Réalisé dans une seule université et faible échantillon. L’exposition à la BD était relativement courte. Les données individuelles ne sont pas disponibles pour des questions éthiques, seulement les regroupements de réponses.

Financement et enregistrement : L’étude n’a pas reçu de financement. Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflit d’intérêt.

Références et bibliographie

1.      A.Gillies, P., Stork, A., & Bretman, M. (1990). Streetwize UK: a controlled trial of an AIDS education comic. Health Education Research, 5(1), 27–33. http://doi.org/10.1093/her/5.1.27
2.      Branscum, P., Sharma, M., Wang, L. L., Wilson, B., & Rojas-Guyler, L. (2013). A Process Evaluation of a Social Cognitive Theory–Based Childhood Obesity Prevention Intervention. Health Promotion Practice, 14(2), 189–198. http://doi.org/10.1177/1524839912437790
3.      Brüggemann, A. J., Swahnberg, K., & Wijma, B. (2015). A first online intervention to increase patients’ perceived ability to act in situations of abuse in health care: reports of a Swedish pre-post study. BMC Medical Ethics, 16, 35. http://doi.org/10.1186/s12910-015-0027-7
4.      Cedri, S., Briguglio, E., Cedri, C., Masellis, A., Crenca, A., Pitidis, A., & PRIUS Working Group, T. P. W. (2015). Development of an effective communication strategy for the prevention of burns in children: the PRIUS project. Annals of Burns and Fire Disasters, 28(2), 88–93. Retrieved from http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/27252606
5.      Grootens-Wiegers, P., de Vries, M. C., van Beusekom, M. M., van Dijck, L., & van den Broek, J. M. (2015). Comic strips help children understand medical research: Targeting the informed consent procedure to children’s needs. Patient Education and Counseling, 98(4), 518–524. http://doi.org/10.1016/j.pec.2014.12.005
6.      Moraveji, N., Li, J., Ding, J., O’Kelley, P., & Woolf, S. (2007). Comicboarding: using comics as proxies for participatory design with children. Proceedings of the SIGCHI …, 1371–1374. http://doi.org/10.1145/1240624.1240832
7.      Rose, A. M. (1958). Mental Health Attitudes of Youth as Influenced by a Comic Strip. Journalism & Mass Communication Quarterly, 35(3), 333–342. http://doi.org/10.1177/107769905803500307
8.      Shinmei, I., Kobayashi, K., Oe, Y., Takagishi, Y., Kanie, A., Ito, M., … Dobbin, R. D. (2016). Cognitive behavioral therapy for depression in Japanese Parkinson’s disease patients: a pilot study. Neuropsychiatric Disease and Treatment, 12, 1319. http://doi.org/10.2147/NDT.S104777
9.      Tekle-Haimanot, R., Pierre-Marie, P., Daniel, G., Worku, D. K., Belay, H. D., & Gebrewold, M. A. (2016). Impact of an educational comic book on epilepsy-related knowledge, awareness, and attitudes among school children in Ethiopia. Epilepsy & Behavior, 61, 218–223. http://doi.org/10.1016/j.yebeh.2016.05.002
10.  Tsao, P., & Yu, C. H. (2016). “There’s no billing code for empathy” - Animated comics remind medical students of empathy: a qualitative study. BMC Medical Education, 16(1), 204. http://doi.org/10.1186/s12909-016-0724-z