vendredi 17 mars 2017

Recherche de littérature sur les bandes dessinées et la santé : résumé des revues narratives



Pour avoir un aperçu général d’un sujet, les revues narratives (narrative review/litterature review), les overview et revues exploratoires (scoping review) sont de bons outils, la revue narrative regroupe différents articles sur le sujet (choisi un peu à l’arrache) et la revue exploratoire est plus systématique et méthodique et tente de classifier le contenu sur un thème (d’y mettre de l’ordre). Celles-ci ne sont pas destinées à évaluer l’efficacité avec fiabilité (leurs recherches sont incomplètes, subjectives et la qualité méthodologique des études incluses ou les biais ne sont que rarement évalués).

Malheureusement pour « The use and efficacy of comics in healthcare: A scoping review in graphic medicine” (« l’usage et l’efficacité des bandes dessinées dans la santé : une revue exploratoire de la médecine graphique»), qui semble parfaitement adapté à mes intérêts, l’auteur (Matthew Noe) m’informe en être encore à la phase de passage au crible des résumés et avoir à exclure une certaine quantité d’études non pertinentes sur le sujet, notamment parce que le domaine n’est pas bien catégorisé et que les termes changent trop souvent. Il est prévu que l’article soit terminé fin 2017, si possible publié en 2018.

Je vais donc synthétiser le contenu des revues narratives incluses [1-14].
Pour l’efficacité, les essais contrôlés randomisés et le regroupement des meilleurs dans des revues systématiques sont (en général) les plus pertinents, je les lirai donc ensuite.



N
Année
Auteur principal
Titre
Contenu résumé
1
2016
Anderson
Anderson, P. F., Wescom, E., & Carlos, R. C. (2016). Difficult Doctors, Difficult Patients: Building Empathy. Journal of the American College of Radiology, 13(12), 1590–1598. http://doi.org/10.1016/j.jacr.2016.09.015
Une bande dessinée est offerte en introduction sur les points de vue d’un jeune homme et d’un chirurgien durant la préparation préopératoire. Une bonne communication entre le patient* et le médecin favorise la satisfaction et réduit les plaintes. L’éducation des médecins inclut des cours didactiques, des jeux de rôles, des discussions avec des feedbacks. Les différences d’attentes entre celles du patient et du médecin durant la consultation peuvent engendrer des conflits, le sentiment que le patient n’est pas collaborant. La frustration du diagnostic ou d’une thérapie peut se répercuter sur le médecin. Le médecin a une position de force dans la consultation et a la responsabilité de transmettre des informations difficiles pour collaborer avec le patient et prendre des décisions. Un médecin se sentant agressé risque de répondre de manière défensive ou de manquer d’empathie. Des institutions proposent aux patients d’apprendre la recherche pour pouvoir participer à leur création.

Les auteurs de l’article ont créé leur bande dessinée pour faciliter l’empathie et le partage de perspectives. La médecine graphique (graphic medicine) est une discipline émergente qui explore l’utilisation des bandes dessinées pour l’éducation et la communication en santé. Certains utilisent les bandes dessinées pour enseigner la complexité des maladies chroniques sous forme d’histoire, l’anxiété d’une personne ayant un TOC. Les images et les textes transmettent des émotions et des réactions au travers du format visuel, ces échanges permettent de mieux comprendre les perspectives, les ambiguïtés. Les modifications du cadre, du fond, des tailles des textes, des perspectives orientent l’attention vers certains éléments clés. Le choix des personnages peut influencer la volonté des lecteurs de se laisser prendre par l’histoire.

Dans un petit ECR avec des enfants en thérapie de 4-5 ans, ceux ayant reçu une bande dessinée sans mots acceptaient plus les patchs pour les yeux que ceux dont les parents avaient reçu une brochure, d’autant plus dans les familles à faible revenu et les enfants de personnes immigrées. Dans un ECR australien sur plusieurs sites, 81% des patients préféraient une bande dessinée sur la cystoscopie pour discuter du consentement comparé à 19% pour des explications verbales. Une échelle de mesure des symptômes de l’état de stress post-traumatique sous forme de dessins existe également. Une bande dessinée éducative sur l’épilepsie a augmenté les connaissances d’étudiants éthiopiens sur les causes et le traitement. Les bandes dessinées pourraient également rassurer, aider à mieux se connaître, gérer sa propre maladie. Les bandes dessinées éducatives sont peu connues et parfois perçues comme étant destinées uniquement pour les enfants ou pas sérieuses.

Il n’existe globalement que peu de preuves sur les bandes dessinées et la santé.
2
2012
Bolton-Gary
Bolton-Gary, C. (2012). Connecting Through Comics: Expanding Opportunities for Teaching and Learning. US-China Education Review B Source: Brady, 4.
Des dessins sont souvent inclus dans les livres pour illustrer des concepts, rendre le sujet moins sérieux et augmenter l’intérêt des étudiants. L’auteur discute des possibilités des bandes dessinées pour faciliter la mise en lien théorie-réalité en éducation. La recherche sur les bandes dessinées comme outils pédagogiques date de 1940 et se focalisait sur l’alphabétisation. Les supports visuels associés au texte et contribuent à attirer l’attention de par leur nouveauté et leur aspect incongru et engendrer des émotions positives associées à l’apprentissage.

La recherche expérimentale en éducation sur ce thème reste limitée, même si des études ont montré des bénéfices dans l’apprentissage lorsque l’humour était utilisé.  Des mangas ont permis à des étudiants japonais de mieux se souvenir de leurs cours de biochimie et de les rendre plus excitants. L’humour favorise la mémorisation au long-terme. Une sélection pour éviter le sarcasme et les contenus grossiers est importante. Les auteurs offrent un exemple de dessins permettant d’illustrer la conceptualisation et la gestion des informations. De nombreux livres de psychologie contiennent des illustrations avec des bandes dessinées.

L’article est en réalité une expérience réalisée dans une petite université dans laquelle les étudiants ont reçu une introduction à la psychologie illustrée avec des dessins. Des notes et les feedbacks oraux des étudiants ont été recueillis. Le but était d’examiner les méthodes pédagogiques et les expériences des étudiants. 92 étudiants ont été enrôlés, en majorité des femmes caucasiennes (85%), l’âge était en général inférieur à 25 ans. 57 ont offert des feedbacks écrits sur les cours, selon 3 questions principales : Qu’est-ce qui était efficace ? Qu’est-ce qui pourrait être amélioré ? Comment est-ce que ce cours reflète une approche constructiviste? Les contenus des réponses ont été groupés en thèmes.

Les bandes dessinées étaient réparties durant le contenu des cours pour illustrer les concepts, mais de manière limitée pour éviter de trop distraire du contenu et pas durant chaque cours. Entre 0 et 10 dessins ont été utilisés durant les cours, parfois pour introduire un thème et attirer l’attention, la curiosité. Les artistes illustrent souvent les limites de la mémoire, l’anxiété reliée aux tests, les stades de développement de l’enfance et les théories psychologiques dans leurs dessins. Les étudiants pouvaient créer un dessin en lien avec les cours et le partager en récompense contre des crédits, puis le présenter au début ou à la fin des cours.

Les étudiants ont indiqué que ces méthodes innovatrices étaient un point fort des cours et ont dit avoir apprécié et être motivé à apprendre, 24% des réponses qualitatives ont mentionné le plaisir d’apprendre. Les étudiants ont indiqué que ce qui était efficace c’était l’utilisation de littérature pour enfants, de dramatisation, et des dessins. Certains ont dit que ceux-ci leur rappelaient des souvenirs ou les aidaient à être concentrés ou à mieux comprendre. Certains étaient positivement surpris que des bandes dessinées puissent être utilisées pour enseigner la psychologie. Certains étudiants ont continué à envoyer des dessins après avoir terminé leurs études en les mettant en lien avec leur contexte. L’accès aux dessins devenait plus difficile au fil du temps.

Les étudiants peuvent avoir des perceptions différentes des enseignants utilisant l’humour. De futures recherches doivent mesurer et évaluer ces méthodes pour ses effets sur l’apprentissage des étudiants, une option possible serait des blogs où des discussions pourraient prendre place, et le contenu être réutilisé au fil des années.
3
2009
Branscum
Branscum, P., & Sharma, M. (2009). Comic Books: An Untapped Medium for Health Promotion. American Journal of Health Studies, 24(4), 430–439.
Les bandes dessinées ont été stigmatisées dans l’histoire, par exemple un psychiatre en 1953 a demandé l’interdiction des bandes dessinées chez les jeunes en suggérant leur rôle dans la délinquance. Cette stigmatisation est désormais plus limitée et certains travaux ont même été mis en avant, tel que le livre illustré « Maus » à propos des camps nazis. Les ventes de romans graphiques ont progressé de 2004 à 2005 (3x plus de 2004 à 2005). Les bandes dessinées ont peu été évaluées de manière critique quant à leur usage dans l’éducation. En 1930 celles-ci étaient vendues dans de petits magazines et étaient dénigrées, des auteurs préféraient d’ailleurs publier sous un pseudo pour ne pas être reconnus. Durant la 2ème Guerre Mondiale, la popularité des bandes dessinées s’est développée et celles-ci étaient utilisées pour soutenir le front, tout d’abord pour distraire les soldats sur place et pour les jeunes lecteurs pour stimuler leur patriotisme et aider à l’effort de guerre. En 1950 il était estimé que 91% des enfants lisaient des bandes dessinées, mais ce chiffre s’est réduit avec le temps et l’arrivée de la télévision ; en 1996 il a été rapporté que seulement 19-25% des enfants des pays à faible et moyen revenu (et 1-5% des filles) lisaient des bandes dessinées.

De nombreux éducateurs sont sceptiques quant à l’utilisation des bandes dessinées en éducation, certains les décrivent même comme « destinés aux adultes immatures ». Certains rapports indiquent que les enfants qui lisent des bandes dessinées lisent autant ou plus que les autres et apprécient plus la lecture. Des recherches émergentes soutiennent l’utilisation des bandes dessinées chez les enfants ayant plus de difficultés à lire, pour améliorer l’intérêt, stimuler le plaisir de lire, illustrer le texte. Ces bandes dessinées permettent d’introduire des mots nouveaux, ou des concepts rares et augmenter leur vocabulaire.

Les bandes dessinées représentent souvent leur époque et culture (ex : corruption en 1930 aux USA, discrimination raciale et X-Men, etc.). En 1970 l’administration Nixon a demandé à Marvel d’inclure des éléments de promotion de la santé dans ses dessins. Rares sont les études qui ont été réalisées pour évaluer l’efficacité de ceux-ci. Les bandes dessinées restent un moyen plutôt économique dans ce domaine. Les auteurs ont réalisé des recherches d’études primaires dans plusieurs bases de données sur les bandes dessinées comme intervention, 9 études ont été incluses.

1) En 1978 un programme de nutrition s’est basé sur une série télévisée et a réalisé des bandes dessinées indiquant des comportements sur l’alimentation, distribuées pendant 6 semaines à des personnes au foyer choisis aléatoirement. 94% ont indiqué avoir lu les dessins, gagné des connaissances et des compétences. En moyenne ceux-ci étaient appréciés à 3.69 sur une échelle de 10 points (1 = très positif, 10 = très négatif). 2) Dans une autre intervention en 1997, des adolescents ont reçu soit une bande dessinée sur le VIH (groupe de contrôle), soit une vidéo, soit un atelier en groupe avec à la fois la vidéo et la bande dessinée. Il n’y avait que peu de différences entre les groupes (croyances, pratiques sexuelles). 3) En l’an 2000 en Chine un cours contenant des BD où des enfants cherchent un endroit où nager a été offert à des enfants qui leur expliquent où éviter de nager pour ne pas être infectés par des parasites. En comparaison aux 4 villages sans cette intervention, les enfants  l’ayant reçu avaient des différences statistiquement significatives au niveau des connaissances et ont indiqué avoir moins eu de contact avec l’eau plus à risque. 4) En 2002, des scouts afro-américains ont reçu la visite d’un diététicien qui les a encouragé à demander des repas contenant plus de fruits et légumes et leur a enseigné à préparer des repas à la maison durant 8 semaines. Les jeunes ont chaque semaine reçu une BD qui renforçait ces messages. Comparé à un groupe où l’intervention était différée, il n’y avait pas de différence quant à la consommation de fruits et légumes ni au niveau des connaissances. Seuls 54% des parents savaient que leur enfant avait reçu une BD et 17% ont dit que leur enfant avait amené au moins quatre BD (la moitié du nombre distribué), 60% des parents ont dit que leur enfant n’avait pas lu la BD. 5) L’OMS a créé une BD (après un essai pilote) et offert à des enfants en Egypte pour améliorer leurs connaissances, leurs attitudes et réduire la stigmatisation ainsi que prévenir des infections par un parasite. Après lecture les enfants avaient significativement moins peur de la maladie et une attitude plus positive envers les patients et les médicaments de prévention. 96% des enfants ont rapporté l’avoir apprécié et 40% ont rapporté que leur frère ou sœur le lisait aussi. 6) En Afrique du Sud, pour sensibiliser les femmes au cancer cervical une émission radio a été créée et une BD à bases de photographies éducative ainsi qu’une BD « placebo » sans message en santé ont été répandus. Un mois plus tard les messages radio ont été envoyés, il n’y avait pas de différence entre les groupes au niveau du dépistage. 7) Aux USA en 2004 un set de prévention du tabagisme avec vidéos, BD, livres a été offert aux parents d’adolescents. 20 mois plus tard les attitudes ont été mesurées, les jeunes avaient une attitude plus positive envers le tabac (9% disaient que le tabac permet de se relaxer au début, 17% 20 mois plus tard). 8) En 2004 des éducateur en santé américains ont enseigné à des familles d’immigrés comment se protéger des pesticides à la maison et durant des séances. Une BD de 16 pages a également été offerte pour renforcer les messages. Il y avait une augmentation des connaissances quant aux pesticides. 9) Au Canada en 2007 une campagne pour sensibiliser au cancer de la prostate a été réalisée, elle incluait une BD éducative sur Prostate Man, des bannières, etc. Aucune évaluation formelle de la campagne n’a été réalisée mais des indicateurs disaient que c’était un succès.

La plupart des études sur les BD sont des essais pilotes et la BD était rarement l’intervention primaire. Les descriptions des BD étaient vagues ou inadéquates. Il n’était pas possible de savoir depuis les études incluses si les gens ont lu les BD, rares sont ceux qui ont tenté de le mesurer. Les connaissances étaient souvent visées mais les BD ne s’appuyaient pas toujours sur des théories et les antécédents et comportements précédents des lecteurs étaient rarement évalués. Les études devraient brièvement décrire leurs BD. La diversité des populations ciblées était telle qu’il était difficile de dire pour qui une BD est adaptée ou pas. Les effets d’une BD-photographique ou d’une BD ne sont pas forcément les mêmes. Les mangas sont également peut-être légèrement différents des BD. Il faut faire attention à ce que la BD ne soit pas stigmatisant pour les lecteurs (ex : infantiliser) et à ce qu’elle soit adaptée à l’âge et au genre.

Les BD doivent encore être évaluées pour la promotion de la santé pour connaître leur efficience et leur efficacité. Celles-ci sont peut-être plus adaptées pour les enfants. De nombreux efforts sont réalisés pour créer des BD en santé, mais les résultats ne sont pas évalués. Certaines personnes pourraient préférer ne pas lire des BD pour ne pas paraître « sophistiqué » envers leurs proches. Les BD peuvent maintenir des stéréotypes de genre, elles contiennent rarement des minorités ethniques. Au vu de la majorité de lecteurs masculins, les BD pour femmes devraient être développées avec celles-ci. L’exposition plus tôt des lecteurs (ex : jeunes enfants) pourrait avoir un effet préventif sur les croyances. Il ne faut pas oublier les droits d’auteurs des industries de la BD.
4
2015
Glazer
Glazer, S. (2015). Graphic Medicine: Comics Turn a Critical Eye on Health Care. Hastings Center Report, 45(3), 15–19. http://doi.org/10.1002/hast.445
(Pas d’accès à l’article)
5
2012
Hampton
Hampton, T. (2012). Media Lab Uses Videos, Comics, and More to Help People Understand Health Issues. JAMA, 307(16), 1679. http://doi.org/10.1001/jama.2012.507
(Pas d’accès à l’article)
6
2014
Lindsey
Lindsey, W. (2014). Health workers, artists partner to deliver messages via comics: Tools can influence health behavior. The Nation’s Health, 44(7), 1–16.
Les BD sont des moyens de communication anarchiques, dit Ian Williams, médecin et artiste fondateur de Graphic Medicine. La connaissance se démocratise, le savoir se répand même pour les non-experts et contrebalance la version traditionnelle du médecin qui dit quoi faire. Les BD peuvent transmettre des informations avec un minimum de mots, faciliter la compréhension, d’autant plus pour les personnes moins instruites, dont les personnes pauvres, les enfants et celles en situation précaire. Booster Shot Comics est une compagnie qui vise à éduquer et divertir sur le thème de la santé, ils ont créé une BD sur les inhalateurs pour les asthmatiques et le choix du traitement.

Même si ce choix peut paraître complexe, les auteurs pensent qu’il faut le présenter d’une manière qui parle à l’enfant et qui l’intéresse et qu’il peut très bien comprendre. Ces BD sont associées à des jeux de carte et des vidéos. Lors d’un programme sur l’asthme seuls 18% des participants savaient distinguer les traitements de l’asthme et 68% le savaient après lecture de la BD. Le CDC a créé une BD animée en ligne avec sons sur le thème du VIH et des infections sexuellement transmissibles. Les tests réalisés ont montré moins de stigmatisation, plus d’intention d’utiliser des protections et de meilleures connaissances. Les BD sont très populaires chez les jeunes et permettent au message d’être vu plusieurs fois de manière agréable. Une étude récente au Japon a montré que les enfants qui lisaient un manga mangeaient plus sain. Il y a des BD sur tout ou presque (santé maternelle, navigateur Chrome, VIH, herpès, traumatismes de guerre, s’occuper d’un chien, etc.).
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2015
McNicol
McNicol, S. (2015). The impact of educational comics on feelings and attitudes towards health conditions. Manchester.
Etude exploratrice, interviews enregistrés retranscrits de personnes ayant une affection médicale ou un proche avec une affection médicale (Université de Manchester). Comment les BD peuvent offrir un soutien émotionnel ou pour les attitudes en santé et améliorer la compréhension des informations ? Comment devrait-on évaluer les BD pour s’assurer de leur impact sur les émotions et les attitudes soient considérées et que les informations soient retenues ?

Les BD peuvent offrir des informations sans jargon, simples mais elles peuvent aussi soutenir psychologiquement et socialement. Les BD au travers de l’humour, des histoires, des images et des personnages rassurent et font office de soutien, de partenaire/compagnon de vie. Ils peuvent offrir des points de vue différents, aider à mieux se connaître, favoriser la réflexion. Il est largement perçu que les BD sont pour les enfants et les histoires « gentilles ». Trouver les BD en santé est difficile, les personnes ayant des problèmes de santé les connaissent rarement. Une BD peut être lue par un patient, mais aussi par un proche ou un professionnel de la santé. Il faut être attentif à ne pas tomber dans les clichés et stéréotypes mal perçUs avec ces BD.

La grande majorité des recherches sont créées sur des modèles pre-post intervention pour voir si les informations sont retenues et les comportements changent, mais ceux-ci ont des avantages comparés aux brochures, ils permettent de mieux appréhender les peurs, les attentes et stimulent l’empathie envers les personnes malades. Il ne faut pas oublier les éventuels effets néfastes des BD sur le bien-être.

Les participants ont été sélectionnés si des BD existaient sur leur condition et de manière à montrer un large éventail d’âges, des genres et de conditions. 11 interviews ont été réalisés, 10 femmes et un homme, après avoir reçu 2-4 BD sur leur condition. La première source d’information pour les participants était Google, des sites du NHS, sociétés spécialisées et groupes de soutien, forums. Certains avaient du mal à trouver des informations sur leur situation spécifique. La plupart des participants avaient déjà lu des BD mais n’étaient pas très attachées au genre, aucun n’avait lu de BD sur un sujet « sérieux » auparavant et l’auteur suppose que ceux-ci se souviennent des BD type super-héros et pour les enfants. Il semblait incohérent pour certain d’avoir des informations scientifiques sur support de BD, certains se demandaient si c’était approprié.

Certains ont dit penser que pour ceux qui ne lisent pas de BD ce format ne risquait pas de les intéresser, même si le contenu est excellent. Leur rôle pour les adultes était perçu comme incertain, mais peut-être que ça dépend du style de dessin. Il était parfois difficile de savoir comment lire les BD, dans quel ordre, quelle bulle d’abord et après. Certains ont indiqué s’intéresser aux BD sur la santé après les avoir lues. Expliquer sous forme d’histoire (scénarios concrets) semblait plus efficace que sous forme explicative, les éléments clés aidants seraient : images, personnages, métaphores et analogies, humour.

Les participants ont apprécié l’aspect bref et le langage accessible, et ont noté qu’après un diagnostic il est difficile de faire face à trop d’informations et de jargon.  Parfois des informations utiles semblaient manquer dans les BD. Les images semblaient plus importantes que le texte, le faible texte rendait plus motivant la lecture. Présenter l’information différemment a parfois favorisé des réflexions plus avancées. Le fait que des BD étaient en noir et blanc avait un impact négatif sur l’humeur et a stressé des participants. Parfois les images faisaient distraction du message. Les couleurs fortes donnent une impression que la BD est plutôt pour des enfants.

Les personnages permettaient aux lecteurs de s’imaginer être ceux-ci, mais l’âge de ceux-ci pouvait avoir l’effet inverse et le style de la BD avait un effet (ex : photographique, etc.). Les métaphores expliquant des choses complexes étaient faciles à mémoriser et facilitaient la compréhension. L’humour pour faciliter la discussion autour des sujets difficiles était apprécié, mais parfois celui-ci était perçu comme blessant ou inapproprié. Les participants ne savaient pas ou chercher ces BD. Il y a un risque de sur-simplifier certaines situations en dessin, mais cela peut être bénéfique pour d’autres.

Les lecteurs préféraient des fins d’histoire positives. Certains ne comprenaient pas très bien des sujets car ceux-ci étaient basés sur une autre culture (aux Etats-Unis certains soins ne sont pas remboursés), ou le langage ne semblait pas correspondre (anglais américain vs anglais britannique). Certains ont indiqué que les BD pourraient être offertes par les professionnels de la santé aux patients, mais uniquement au moment opportun, pas par systématisme au diagnostic. La BD peut permettre de débuter un dialogue en montrant une histoire, une scène, un sujet gênant. Chaque personne est différente quant à ses besoins et envies d’information, quand elle souhaite quoi et comment. Les BD peuvent sensibiliser à des maladies rares, mal connues ou stigmatisées. Les BD pourraient être d’intérêt pour la population générale, pas seulement les malades et proches, dans les écoles. Les BD pourraient aider les proches à mieux comprendre le malade et leur parler. Une BD n’est pas à considérer en isolation, la lier à d’autres sources d’informations.

Les lecteurs trouvaient très important que ces BD parlent des problèmes psychologiques et sociaux vécus. Certains lecteurs ont commencé à questionner leur manière de faire avec l’autre.

Liste de BD santé : https://sites.google.com/site/healtheducationcomics/home
8
2014
McNicol
McNicol, S. (2014). Humanising illness: presenting health information in educational comics. Medical Humanities, 40(1), 49–55. http://doi.org/10.1136/medhum-2013-010469
Les BD sont de plus en plus utilisées dans les écoles. Des BD éducatives existent sur une multitude de sujets, dont des maladies fréquentes et très rares. Ces BD peuvent avoir de multiples rôles (sensibilisation, préparation à une procédure médicale, aide à la décision, promotion de l’auto-gestion des soins, améliorer l’acceptation ou les connaissances). Certains ont décrit les BD comme des moyens « non menaçants », ils peuvent stimuler l’empathie et la compassion. L’efficacité peut être moindre si la BD est perçue comme peu sérieuse. Ces BD médicales peuvent offrir des perspectives et faire office de compagnon, se situer entre livre, roman, BD et autobiographie. La plupart des études sur les BD sont de type pré-post intervention avec des questionnaires et portent sur les connaissances, les comportements.

Les BD narratives peuvent offrir plus que de l’information, un soutien, etc. [... voir autre résumé de McNicol] Ces BD peuvent aider à se sentir moins seul et isolé, incompris. Les BD permettent au lecteur de se créer son interprétation, ses perceptions du message, la réponse est ainsi individuelle, il n’y a pas de « message unique » d’une BD. Cette ambiguïté est à la fois une chance car la santé présente de nombreuses incertitudes et chacun peut répondre différemment à des situations. La suite de l’article se focalise sur les BD sur le diabète.

L’une des BD décrit les symptômes du diabète pour générer de la sympathie envers le personnage et montrer comment sa vie est affectée, un autre décrit comment le médecin définit qu’il y a un diabète, les réactions au diagnostic sont développées, les peurs, les refus des traitements, les incompréhensions, les peurs et fausses-croyances, etc. Parfois le personnage est rassuré par le médecin, parfois c’est parce qu’il voit qu’il arrive à gérer sa condition. Partage des préoccupations et de celles des proches de la société, du fonctionnement du corps par des métaphores. L’une des BD reste humoristique sur des thèmes graves (« si je perds ma jambe je serai un pirate à Halloween »). Rôle des proches, peur de perdre l’indépendance, conflits familiaux, ennuis à l’école.

Dans une des BD l’équipe médicale semble stéréotypée et sur-simplifiée à l’auteur, ceux-ci sont réduits à des « donneurs d’information » et le médecin (rarement des femmes médecin) est bien trop souvent dans un rôle « patriarcal » de celui qui choisit, décide. Les docteurs sont de manière presque systématique décrits comme « ayant toujours réponse » et « admirables, malins ». Discipline pour prendre soin de son corps, responsabilités. Possibilité de réfuter des fausses-croyances indirectement dans les BD.
9
2017
McNicol
McNicol, S. (2017). The potential of educational comics as a health information medium. Health Information & Libraries Journal, 34(1), 20–31. http://doi.org/10.1111/hir.12145
[... voir autre résumé de McNicol] L’objectif de ce projet était de voir comment des BD éducatives peuvent soutenir des patients dans leurs décisions, leurs vécus et transmettre de l’information, ainsi que leurs risques. -> Cet article est un résumé du rapport de McNicol écrit en 2015.

Des recherches sur les effets au plus long-terme sont nécessaires. Certaines BD ont donné de l’espoir et d’autres offert un point de vue pessimiste. Certaines métaphores ont permis aux lecteurs de questionner leurs propres croyances et points de vue. Un large nombre de BD éducatives restent non-indexées et difficiles à trouver, il serait pertinent de les regrouper pour pouvoir les suggérer aux patients.
10
2003
Meadows
Meadows, D. (2003). Digital Storytelling: Research-Based Practice in New Media. Visual Communication, 2(2), 189–193. http://doi.org/10.1177/1470357203002002004
(Pas d’accès à l’article)
11
2017
Noe
Noe, M. (2017). Comics and Medicine: Building Collections and Raising Awareness [Poster].
Community Engagement and Research Symposia.
[Poster bref] La médecine graphique se situe entre l’éducation au patient, l’éducation médicale, la bibliothérapie, la formation à l’empathie et l’information en santé. Une étude exploratoire sur ce thème est en cours de réalisation.
12
2011
Park
Park, J. S., Kim, D. H., & Chung, M. S. (2011). Anatomy comic strips. Anatomical Sciences Education, 4(5), 275–279. http://doi.org/10.1002/ase.224
La BD a largement été ignorée dans les sciences sauf sciences humaines. Bien longtemps les BD ont été considérées comme étant pour les enfants, ni art, ni littérature. Les BD peuvent faciliter la communication d’idées complexes et la dissémination. Un groupe a introduits des dessins dans les cours, à créer, discuter, et ceux-ci ont stimulé l’intérêt des étudiants. Dans une autre étude des enfants exposés à des BD scientifiques  étaient plus motivés de chercher d’autres informations sur internet, des magazines. Certaines BD actuelles décrivent la vie des chercheurs, comme PhD Comics, Lab Bratz.

Les BD peuvent parfois permettre d’expliciter intuitivement des choses qui seraient compliquées à décrire verbalement. Les BD médicales peuvent développer l’empathie, les compétences d’observation et de communication et rendre les exemples de patients plus humains et concrets. Medikidz est une BD pour enfant qui décrit l’asthme, le cancer du sein, l’obésité infantile. L’anatomie a été développée dans quelques BD, surtout pour les enfants mais le problème est que ceux qui dessinent ont rarement une formation en anatomie et font parfois des erreurs. Les artistes pourraient déformer le message initial humoristique et la rigueur et il est donc parfois meilleur que l’artiste et l’auteur soient une seule et même personne.

L’auteur a réalisé des dessins sur l’anatomie pour ses étudiants en médecine en se basant sur ses souvenirs et ceux de collègues puis ceux-ci ont été transformés en strips. Pour rendre les BD plus accessibles, le personnage principal est dessiné de manière comique. Certains de ces dessins sont spécifiques à la culture coréenne et non traduits. Le lecteur doit recréer l’histoire dans sa tête quant à ce qu’il se passe entre les différentes cases, il est donc actif et s’identifie souvent aux personnages. L’humour est destiné à des adultes.

Apprendre l’anatomie est difficile pour les étudiants, tout comme la dissection, des BD peuvent favoriser une meilleure compréhension. Les BD peuvent permettre aux étudiants d’avoir des termes plus accessibles à utiliser avec les patients. Certains disent qu’offrir des dessins déjà réalisés empêche l’apprenant de créer son propre modèle mental. L’auteur réfute que verbaliser certains détails anatomique n’est pas réaliste. Les auteurs hésitent à créer une application avec les dessins ou des animations vidéos. Les auteurs souhaitent réaliser une étude comparative avec et sans BD. Un lecteur a offert un commentaire négatif car il n’a pas compris et trouvait le personnel médical privilégié. Une certaine compétition entre anatomistes entraînerait un plus grand nombre de dessins et de meilleure qualité.
13
2006
Robin
Robin, B. (2006). The Educational Uses of Digital storytelling. In Proceedings of Society for Information Technology & Teacher Education International Conference 2006 (Vol. 2006, pp. 709–716).
L’article porte majoritairement sur les vidéos, photos, l’audio et les images. Les dessins ou la bande dessinée ne sont presque jamais mentionnés. Exclusion.
14
2015
Siron
Siron, S., Dagenais, C., & Ridde, V. (2015). What research tells us about knowledge transfer strategies to improve public health in low-income countries: a scoping review. International Journal of Public Health, 60(7), 849–63. http://doi.org/10.1007/s00038-015-0716-5
Bien que l’on sache certains éléments qui améliorent la santé, l’état dans les pays à faible revenu reste alarmant. Les efforts des décideurs d’utiliser les connaissances scientifiques a mené à l’émergence de recherches sur l’efficacité des stratégies pour transférer les savoirs et identifier les facteurs facilitants et les blocages. Les mesures dites « passives » (offrir des documents éducatifs, matériel audiovisuel, publications électroniques) utilisées isolément sont en général inefficaces. Les audits, les séances de feedback, la mobilisation des personnes leaders, les conférences et les recommandations de pratique ont des effets mixtes.

Les stratégies les plus efficaces sont spécifiquement créées pour leur public, utilisent plusieurs approches, des petits groupes interactifs et des outils informatisés d’aide à la décision. La quantité de stratégies utilisées n’améliore pas forcément les résultats. Certains facteurs influencent ces transferts : les stratégies utilisées, la personne qui communique, les utilisateurs, le contexte organisationnel et le type de savoir communiqué. La plupart des études s’intéressent aux pays à haut revenu. Les auteurs ont réalisé une revue exploratrice des stratégies de transfert des connaissances dans les pays à faible revenu.

Recherches sur Medline, EMBASE, PsycInfo, CDSR, etc. Anglais/Français. De 1960 à mai 2013. Sélection des articles dans des pays à faible revenu et portant sur le transfert des connaissances, extraction dans une grille pré-crée des éléments clés. Au final 28 études ont été incluses. [...] Seul 50% des études ont indiqué leurs limitations. Flow-chart présenté, table des études présentée. L’utilisation d’images (histoires, scénarios) parmi d’autres interventions a amélioré les connaissances, en particulier chez les personnes ayant un faible niveau d’éducation. [...] La qualité méthodologique des articles était difficile à mesurer par manque de détails. Rares étaient les études adaptées au contexte et aux personnes cibles. L’utilisation d’images était appréciée.



*Je préfèrerais dire « personne » que « patients » mais pour des raisons de simplicité j’ai préservé « patient ».

ECR = Essais contrôlé randomisé

BD = bande dessinée

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